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Sauveteuses, les femmes et le sauvetage des Juifs dans la région Rhône-Alpes - Cindy Biesse

Anonymes, et souvent très modestes, elles furent des "résistantes" au sens propre du terme. Bravant leur statut civil d'infériorité et les stéréotypes qui les entourent, transgressant surtout les lois de Vichy et de l'occupant, ces femmes s'engagent au service de la vie. Par de petits gestes du quotidien, par l'exercice de leur profession, elles apportent leur soutien à des inconnus.  Ces femmes sont, envers et contre tout, des "Sauveteuses" auxquelles l'historienne Cindy Biesse, ancienne boursière de la FMS, rend hommage dans ce livre.

Vient de paraître aux éditions Ampélos

"…la guerre est l’affaire des hommes. Mais les Allemands, qui ont menacé des femmes et asphyxié des enfants, ont fait que cette guerre est aussi l’affaire des femmes. […]"

Cet extrait du discours de Lucie Aubrac à la BBC du 20 avril 1944 ouvre l'ouvrage et en donne le ton. Les femmes sont entrées dans la guerre en tant que mères, en tant qu'épouses, protégeant les enfants, ravitaillant, soignant, s'occupant du linge, explique la résistante Lucie Aubrac qui est une femme de son époque, avec le système de représentations qui s'y rattache.

Cindy Biesse, historienne d'aujourd'hui, s'appuyant sur les apports de l'histoire du genre, s'attache à mieux appréhender ces femmes, résistantes du civil, négligées par l'historiographie, qui s'est plutôt concentrée sur les femmes résistantes armées. 

Anonymes, et souvent très modestes, elles furent des "résistantes" au sens propre du terme. Bravant leur statut civil d'infériorité et les stéréotypes qui les entourent, transgressant surtout les lois de Vichy et de l'occupant, qui condamnent à l'exclusion, sinon à la mort toute une frange de la population, ces femmes s'engagent au service de la vie.

Par de petits gestes du quotidien, par l'exercice de leur profession - agricultrice, institutrice, assistante sociale, infirmière, commerçante...-, elles apportent leur soutien à des inconnus, devenant envers et contre tout des "gardiennes de vie", des "Sauveteuses". Certaines de ces résistantes, pour ces actes prétendûment modestes, connaîtront arrestation, déportation et même la mort

L'auteur s'attache à de nombreuses trajectoires dans la région Rhône-Alpes, vaste région de passage mais aussi de refuge. Elle retrace le portrait des têtes pensantes des réseaux, des femmes qui tenaient des maisons d'enfants, de celles qui les convoyaient vers la frontière suisse ou de celles qui fabriquaient des faux papiers. Elle fait également revivre, par de courtes notices biographiques, les nombreuses femmes, tout à fait oubliées qui, seules ou avec leur mari, ont aidé, accueilli parfois un seul enfant ou une seule famille.

Sur le modèle de la bouchère de Villeurbanne, Marguerite Dupraz :

"DUPRAZ Marguerite
Née le 24 janvier 1898, Marguerite Dupraz tient une boucherie dans le quartier des Brosses à Villeurbanne. En septembre 1942, Marguerite vient en aide à l’un de ses clients, M. Stolak. Elle accepte d’héberger sa plus jeune fille de deux ans et parvient à trouver une place à Marjem Stolak et sa soeur, Sarah, au pensionnat catholique Sainte-Jeanne d’Arc d’Azieu (Isère). À la mort de leur père en 1945, Marguerite adopte les petites orphelines."

Ou de l'institutrice de Craponne, Marie-Louise Couttet : 

"COUTTET Marie-Louise
Née Picard en 1890, Marie-Louise, au sortir de l’école d’institutrices, est nommée, en 1915, sur Craponne pour remplacer M. Mety, mobilisé. En 1919, elle épouse Henri Couttet dont elle devient veuve en 1940. Marie-Louise prend en charge la classe enfantine et conserve ce poste jusqu’en 1948. Au début de l’année 1942, elle réceptionne, dans sa classe, le petit Thoury Fridman. Soupçonnant qu’il s’agit d’un enfant juif, elle ne porte pas son nom sur le registre de l’école. À l’issue de l’année scolaire, Marie-Louise propose au couple Fridman et à leur fils de se cacher dans la maison familiale qu’elle possède à Saint-Quentin-Fallavier."

 

Pour découvrir la table des matières du livre. 

Sauveteuses, les femmes et le sauvetage des Juifs dans la région Rhône-Alpes - Cindy Biesse

Cindy Biesse a reçu une bourse de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah pour sa thèse "Les Justes parmi les Nations de la région Rhône-Alpes : étude prosopographique" qu'elle a soutenue en 2015 à l'université de Lyon 3. 

 

L'ouvrage "Sauveteuses, Les femmes et le sauvetage des Juifs dans la région Rhône-Alpes", publié aux éditions Ampélos est basé sur cette thèse. 

 

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