Mémoire | Film

Les Gamins de Ménilmontant - Pascal Auffray & Antarès Bassis

Des élèves de CM1-CM2 d'un quartier populaire de Paris rencontrent, caméra à la main, les derniers survivants des rafles de Juifs sous l'Occupation. À trois générations de distance, c'est la mémoire de la Shoah qui se transmet ainsi de manière vivante entre les enfants d'hier et ceux d'aujourd'hui. 

2020

Paris, quartier de Ménilmontant, 2019. Dans l’école Julien Lacroix, la classe de CM1/CM2 d’Amar Trabelsi travaille sur l'histoire du quartier et de l'école, en particulier sur les rafles de Juifs qui ont eu lieu pendant l'Occupation. Et c'est caméra et micro en main que les jeunes élèves mènent leur enquête, dans le cadre d'un atelier de réalisation documentaire encadrée par la Maison du Geste et de l'Image.  

C'est ainsi qu'ils commencent par s'attarder sur les deux plaques posées sur les murs de leur école, qui rappellent les noms et l'âge des enfants juifs déportés à Auschwitz et dont aucun n'est revenu. Puis ils rencontrent les membres du Comité Tlemcen (du nom d'une école du quartier) grâce à qui ces plaques ont été posées sur les écoles de Paris à partir de la fin des années 1990, pour sortir de l'oubli, parmi les 11 400 enfants juifs déportés de France, les enfants de Ménilmontant et du XXe arrondissement, victimes du nazisme et du régime de Vichy. Rachel Jedinak, Jacques Klajnberg, Jean Rozental avaient en 1942 le même âge que Joseph, Farah, Louwel et Bilali aujourd'hui. Ils vivaient dans les mêmes rues, fréquentaient parfois la même école, avaient presque les mêmes jeux. Cette école fut l’une des plus touchées par les rafles de Paris. 

Tournage du film - © Zadig productions

Tournage du film - © Zadig productions

Les uns sont à l'aube de leur vie, les autres au crépuscule, mais un lien émouvant se noue entre eux à chaque rencontre et fait remonter la part d'enfance qui les unit, les souvenirs, les jeux et la vie dans le quartier, ainsi que leurs origines cosmopolites. En écoutant ces derniers survivants qui ont échappé à la déportation, les élèves prennent conscience de la guerre réelle qui s’est jouée dans les rues où eux déambulent en liberté. Des uns aux autres, c'est une histoire vivante qui se transmet, ainsi que des leçons à portée universelle : "Tuer des enfants pour ce qu'ils sont, c'est le pire des crimes que l'on puisse imaginer" leur dit Jacques Klajnberg à la fin de la projection du film qu'ils ont réalisé. 

Bande-annonce du film "Les Gamins de Ménilmontant" 

Documentaire, 52 mn, 2020, Zadig Production, France Télévision.

Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.