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Disparition d'Annette Zaidman

Lundi 3 octobre 2022

Nous avons appris avec une grande tristesse la disparition d'Annette Zaidman. Pilier de l'association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France fondée avec Serge et Beate Klarsfeld en 1979 et dont elle était la secrétaire générale depuis lors, elle a consacré ces dernières décennies à défendre la mémoire des disparus de la Shoah, dont son père et son grand frère.

Nous avons appris avec une grande tristesse la disparition d'Annette Zaidman, dans sa 89e année. Pilier de l'association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France fondée avec Serge et Beate Klarsfeld en 1979, dont elle était la secrétaire générale depuis lors, elle a consacré ces dernières décennies à défendre la mémoire des disparus de la Shoah, dont son père et son grand frère.

Née dans le 10e arrondissement de Paris, fille de modestes exilés polonais, Annette Zaidman perd sa mère en 1938, à 4 ans. Elle vit au 5-7 rue Corbeau, aujourd'hui rue Jacques Louvel-Tessier, dans un immeuble n'abritant presque que des familles juives modestes, et qui sera un des plus touchés par les arrestations, puisque 130 personnes seront déportées. Elle consacrera d'ailleurs une partie de sa vie à reconstituer le parcours des résidents de son immeuble.

En mars 2021, Annette témoignait pour nous de ce qu'elle traversa pendant la guerre : la première confrontation avec l'antisémitisme, à 7 ans, par des camarades de classe qui, d'abord, apprenaient le tango avec elle dans la cour de l'école, et l'année suivante, la mettaient au centre de la ronde en la traitant de "sale juive". Ce traumatisme précoce lui fit prendre conscience très tôt du danger terrible qui planait alors pour elle et sa famille, pendant toute la guerre. Elle échappa de peu à la rafle du vel d'hiv, grâce à une tante vigilante et protectrice.

Plus de 75 ans après les faits, il est bouleversant d'entendre son émotion quand elle parle de son frère et son père, dont elle espérait encore, en 1944, alors qu'elle avait tout juste 10 ans, qu'ils reviendraient.

Témoignage d'Annette Zaidman, enregistré le 11 mars 2021 dans les locaux de la FMS, Paris 8e. ©FMS

Annette Zaidman découvre dès la fin des années 1970 le travail de Serge et Beate Klarsfeld, et s'engage avec eux dans la création de l'association des FIls et Filles des Déportés Juifs de France, un des tout premiers acteurs et défenseurs de la mémoire des victimes de la Shoah en France.

Elle rassemble ses souvenirs de petite fille traumatisée par la guerre et les persécutions antisémites dans un livre intitulé Mémoire d'une enfance volée (1938-1948), publié en 2004 aux éditions Ramsay. Dans sa préface à ce livre, Serge Klarsfeld évoque les nombreux souvenirs partagés avec elle, son dévouement dans les multiples actions de l'association pour faire connaître et avancer la mémoire des victimes de la Shoah, trop longtemps oubliées par la mémoire collective :

En 1944, Annette s'est retrouvée seule à dix ans : elle a connu les familles d'accueil, les maisons d'enfants ; elle a connu les petits emplois : aide mécanicienne, vendeuse, retoucheuse, enquêtrice, avant de devenir chef d'entreprise, de nous rencontrer, de changer sa vie et de devenir, selon ce titre dont on lui doit la formulation une "militante de la mémoire". (...) Dans sa mémoire, elle a fait l'effort de rassembler les pièces du puzzle de son enfance. Le résultat est là : un itinéraire exemplaire de la condition des enfants juifs.

Mémoires d'Annette Zaidman

Mémoires d'Annette Zaidman

Annette Zaidman était aussi membre, depuis ses débuts en 2004, du comité de lecture de notre collection Témoignages de la Shoah publiée avec les éditions Le Manuscrit. Elle y participait avec beaucoup d'engagement, très consciente des enjeux mémoriels portés par la collection, ce mémorial de papier dédié aux victimes de la Shoah.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à ses proches, ainsi qu'à Serge et Beate Klarsfeld et à tous les membres des FFDJF.

Publié le 01/02/2024