Lutte contre l'antisémitisme | Projet pédagogique

3 questions à Eleonora Musella, médiatrice scientifique à ethnoArt

Depuis 2020, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah soutient l'action de l'association ethnoArt qui mène des ateliers pédagogiques dans différents collèges de Seine-Saint-Denis afin de lutter contre les stéréotypes racistes et antisémites. L'occasion d'un bilan avec l'une des médiatrices scientifiques de l'association, Eleonora Musella.

Depuis 2020

Depuis 2020, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah soutient l'action de l'association ethnoArt qui mène des ateliers pédagogiques dans différents collèges afin de lutter contre les stéréotypes racistes et antisémites. L'occasion d'un bilan avec l'une des médiatrices scientifiques de l'association, Eleonora Musella.

Quelle est l'originalité de l'approche d'ethnoArt ?

L'approche ethnographique que nous mettons en œuvre dans les ateliers avec les élèves de collège consiste à comparer afin de mettre en avant des aspects communs dans les différents mécanismes du rejet de l'autre, propres au racisme et à l'antisémitisme. Ainsi, nous soumettons aux élèves les discours de haine qui circulent via rumeurs et théories du complot et nous les décomposons avec eux afin qu'ils sachent les identifier et soient plus vigilants quand ils les voient passer. Nous leur montrons notamment que ces discours sont faits pour susciter d'abord une émotion qui pousse à réagir, mais pas à réfléchir.

Par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur la rumeur qui a circulé dans le département (93) sur les "Roms voleurs d'enfants", et nous montrons le lien entre un stéréotype et une rumeur et le fait que celle-ci ne fait que le renforcer.

Est-ce que les élèves comprennent ainsi la spécificité de l'antisémitisme ?

Pour faire comprendre l'antisémitisme, nous avons constaté qu'il est plus efficace d'utiliser la comparaison que de l'aborder seul. En les laissant s'exprimer sur leur vécu, en leur apprenant à mettre de la distance avec le racisme qu'ils subissent eux-mêmes, ils passent par une étape essentielle qui leur permet ensuite d'éprouver de l'empathie. L'approche comparative permet de mettre en évidence des mécanismes récurrents propres au discours raciste mais aussi les spécificités de certaines formes de racisme, comme l'antisémitisme.

Dans ce cadre, les visites au Mémorial de la Shoah et au mahJ ont été déterminantes, car elles leur ont permis de découvrir une diversité culturelle qu'ils ignoraient et qui les a beaucoup intéressés et touchés. Des jeunes d'origine maghrébine ont ainsi découvert l'existence des communautés juives du Maghreb dont ils ignoraient tout, et le fait qu'ils avaient en commun des signes importants pour eux comme la main de Fatma.

Quel est le bénéfice des ateliers pour les élèves ?

Ils se rendent compte que les mots contiennent déjà des stéréotypes en eux-mêmes et que désigner une personne comme "juif", "noir" ou "arabe" consiste à assigner une identité de l'extérieur. Le travail que l'on fait avec eux, de déconstruction des discours de haine, des rumeurs et des stéréotypes, puis de création artistique en bande dessinée ou sous forme de podcast, leur permet de s'interroger sur ces concepts d'identité ou d'assignation identitaire : "est-ce que l'étiquette qu'on me colle me correspond ?". Nous leur donnons ainsi l'espace pour réfléchir et leurs réalisations rassemblées dans un livret à la fin de chaque parcours témoignent du chemin parcouru dans leur maîtrise de ces notions complexes que sont : un stéréotype, une discrimination, un préjugé, le racisme, une rumeur, une théorie du complot...


Consulter le livret réalisé par les élèves des ateliers avec les médiatrices pour l'année 2021-2022.

 

3 questions à Eleonora Musella, médiatrice scientifique à ethnoArt