Mémoire | Œuvre mémorielle - plaque - stèle
Inauguration d’une plaque mémorielle en hommage aux victimes de la rafle du 12 mai 1944 à Reillanne
À l’occasion du 80ᵉ anniversaire de la rafle du 12 mai 1944 à Reillanne, la commune lance un projet mémoriel majeur combinant une plaque, une exposition et un catalogue. Cette initiative associe les élèves de deux classes du lycée des Métiers Martin Bret de Manosque à la conception et à la fabrication de la plaque mémorielle, avec l’accompagnement de l’historienne Annette Becker. Elle vise à inscrire dans l’espace public la mémoire du camp d’internement de Reillanne, de la rafle du 12 mai 1944 et des responsabilités françaises dans la déportation des Juifs de France.
En 1942, le gouvernement de Vichy ouvre à Reillanne un "centre spécial pour des étrangers non dangereux" et dits "indésirables". Ce lieu d’internement accueille principalement des familles juives considérées comme inaptes au travail. Longtemps restée dans l’ombre, l’histoire de ce camp resurgit tragiquement le 12 mai 1944, lorsque des membres français de la Gestapo de Marseille y mènent une rafle : 54 Juifs sont arrêtés, internés à Drancy puis déportés vers Auschwitz-Birkenau par les convois 74 et 75 des 20 et 30 mai 1944.
Souhaitant commémorer ce drame et, plus largement, rendre visible l’existence de ce camp d’internement, la municipalité de Reillanne a engagé dès 2022 un projet de transmission à forte dimension pédagogique. Dans le cadre du programme "Mémoire et résistance", deux classes du lycée des Métiers Martin Bret de Manosque (BAC Agora et CAP Métallerie) ont été associées à la conception et à la fabrication d’une plaque mémorielle, installée à proximité du site.
Le projet se déploie également sous la forme d’une exposition "grand public", élaborée à partir des riches fonds conservés aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence (Digne-les-Bains), et destinée à circuler dans différents lieux tout au long de l’année 2024. Pour en prolonger la portée, un catalogue viendra fixer les contenus de cette exposition et les rendre accessibles dans la durée. L’ensemble est porté par la commune, sous l’impulsion d’Isabelle Grenut, adjointe au maire déléguée au patrimoine et historienne, en collaboration avec l'historienne Annette Becker.
Le projet se distingue par son caractère original et exemplaire : ancrage dans une petite commune rurale, association d’élèves de l’enseignement professionnel à la fabrication d’une trace mémorielle pérenne, articulation entre inscription dans le temps long (plaque), temps court de la médiation (exposition) et diffusion durable des savoirs (catalogue).
Ce projet a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Rapport des arrestations lors de la rafle du 12 mai 1944