Mémoire | Film
Le cahier de Danièle Kahn - Didier Roten et Thomas Duranteau
Livrée à elle-même après l'arrestation de toute sa famille avant d'être mise à l'abri dans un petit village bourguignon, Danièle Kahn, 12 ans en 1944, commence un journal où elle raconte en détails sa nouvelle vie à la campagne, l'espoir de revoir sa famille et les soubresauts locaux de la fin de la guerre. Ce film réalisé par son fils fait revivre ces mots et ces dessins d'une émotion intacte.
Jeudi 2 mars 1944 : de retour du lycée, Danièle Kahn, 12 ans, trouve des scellés sur la maison familiale à Asnières et apprend par les voisins l'arrestation de sa famille : son père André, sa mère Jeanne, sa grande sœur Francine, son petit frère Marcel, son oncle Lucien et sa tante Hélène. Déportés le 7 mars par le convoi 69, aucun ne reviendra d'Auschwitz-Birkenau. Livrée à elle-même, Danièle trouve refuge chez une amie de sa mère, lili Lafon, qui organise, avec Suzanne Pommay, son transfert vers Le Petit Jailly, un village bourguignon près de Montbard où s'était réfugiée une amie de Suzanne, Germaine Lefebvre.
C'est alors que Danièle commence un journal, où elle s'adresse à ses chers absents, espérant les revoir, et leur raconte sa nouvelle vie sous le nom de Danièle Martin, grâce à sa "bonne fée", "Maman Germaine", avec qui elle noue de forts liens.
Première page du Journal de Danièle, commencé le 19 mars 1944.
Le film nous plonge instantanément dans le quotidien d'une enfant cachée pendant la Seconde Guerre mondiale, la voix off principale étant assurée par une adolescente qui lit ce journal, témoignage exceptionnel car écrit sur le vif, avec toute la spontanéité d'une jeune fille de 12 ans, douée pour le dessin, d'une nature espiègle et optimiste malgré les circonstances tragiques.
Pour illustrer ce récit captivant, rythmé par les dates qui sont autant de repères historiques, le réalisateur alterne plusieurs types d'images : les dessins, croquis ou aquarelles issus du cahier de Danièle qui sont parfois animés et des dessins de Thomas Duranteau qui illustre le récit de Danièle avec de belles idées graphiques (le loup nazi, le masque pour changer d'identité, les "chers absents" de Danièle dont les traits s'effacent...). Ces parties de dessins animés alternent avec des photos et des images d'archives et celles de Danièle Kahn, la mère du réalisateur, à 90 ans qui commente son journal et revient dans le village où elle a été cachée, pour des retrouvailles émouvantes avec les camarades du village.
Juste après l'arrestation de sa famille
D'une foisonnante richesse de détails visuels et sonores, ce documentaire graphique se révèle profondément émouvant tant il parvient à faire revivre la sensibilité d'une enfant, à la fois sa détresse et sa force de vie, restées intactes au soir de sa vie, alors que la vieille femme évoque face caméra cette "blessure jamais refermée".
À son initiative, la médaille de "Justes parmi les Nations" a été attribuée aux trois femmes qui l'ont aidée, hébergée et sauvée : Germaine Lefebvre, Lili Lafont et Suzanne Pomay.
Les camarades d'école de Danièle au Petit Jailly
France, 2024, 52 mn, Anekdota productions / France TV
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Diffusion
Jeudi 25 avril 2024, 22h50 sur France 3 Nouvelle Aquitaine
À voir en ligne jusqu'au 25 avril 2025 sur france.tv
Projections-débat dans le cadre du Mois du Documentaire 2024
►Mardi 12 novembre, 14h30, La Souterraine (23)
Projection-débat gratuite, en présence d’un des réalisateurs du film, Thomas Duranteau, proposée par le réseau de lecture publique de La Souterraine et le cinéma Eden
►Jeudi 14 novembre, 18h, Varetz (19)
Projection-débat gratuite, en présence d’un des réalisateurs du film, Thomas Duranteau, en partenariat avec l’ALCA, Les yeux Verts et la BDP de la Corrèze et la médiathèque de Varetz
Sur réservation : au 05.55.22.47.53 ; par mail à mediatheque@varetz.com.