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Faire trace - Maxime Decout

Cet essai analyse l’écriture sur et après la Shoah à la lumière d’un élément régulièrement mentionné mais rarement pris en compte en tant que facteur déterminant l’écriture alors même qu’il est l’une des principales spécificités du génocide : l’effacement des traces par ses maîtres d’œuvre nazis. Le corpus étudié porte aussi bien sur les œuvres de Robert Antelme, Charlotte Delbo, David Rousset, Georges Perec, Patrick Modiano, Ivan Jablonka...

Vient de paraître aux éditions Corti

"Faire trace" est un essai qui analyse l’écriture sur et après la Shoah à la lumière d’un élément régulièrement mentionné mais rarement pris en compte en tant que facteur déterminant l’écriture alors même qu’il est l’une des principales spécificités du génocide : l’effacement des traces par ses maîtres d’œuvre nazis. Car l’écriture s’est faite et se fait encore contre l’effacement, au double sens de cette préposition, c’est-à-dire à la fois tout contre l’effacement et à l’encontre de celui-ci. Si bien qu’il s’agit pour les œuvres de faire trace. À savoir d’archiver ce que n’a pas laissé d’empreinte, de consigner les disparitions sans tenter pour autant de les combler. Faire trace de l’effacement en lui-même, comme le montre bien "Shoah" de Lanzmann qui filme les sites des camps d’extermination en Pologne, comme Chelmno et Treblinka, dont il ne reste rien.

Cet essai montre donc comment l’effacement des traces et la mise en cause de la factualité ont joué le rôle tant d’un obstacle que d’un moteur de l’écriture. Le corpus étudié porte aussi bien sur les œuvres les plus étudiées, comme celles de Robert Antelme, de Charlotte Delbo, de David Rousset, de Georges Perec, de Patrick Modiano et d'Ivan Jablonka, que sur des textes plus confidentiels qu’il vise à faire découvrir au grand public, comme ceux d’Hélène Berr, Etty Hillesum, Wladyslaw Szlengel, les rouleaux sous la cendre des Sonderkommandos, André Schwarz-Bart, Romain Gary, Henry Raczymow, Marcel Cohen, Marianne Rubinstein.

Ce livre se clôt sur des perspectives tournées vers les générations futures par un dernier chapitre très intéressant et assez inattendu, qui concerne une réflexion sur l’industrie de la mémoire et le tourisme mémoriel.

Faire trace - Maxime Decout

Maxime Decout a déjà à son actif de très nombreuses publications consacrées au rapport entre littérature et judéité.

Il a passé sa thèse sur Albert Cohen et l’a publiée en 2011 sous le titre "Les fictions de la judéité" (Classiques Garnier 2011). Il a étudié des écrivains juifs de langue française tels Romain Gary et Georges Perec et a publié (entre autres) en 2015, un ouvrage plus général : " Écrire la judéité. Enquête sur un malaise dans la littérature française" (Champ Vallon, 2015).

Il est professeur à Paris I et anime par ailleurs avec Nelly Wolf un séminaire intitulé : "Écrivains et artistes juifs".

 

Cet ouvrage qui paraît le mercredi 5 octobre 2023 aux éditions José Corti a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.