Culture juive | Film
Chana Orloff, sculpter sa vie - Richard Copans
Raphaël et Rachel Orloff fuient l’Ukraine en 1905, leur maison ayant été saccagée lors d'un pogrom. Avec leurs huit enfants (dont Hana qui deviendra Chana, la sculptrice), ils prennent la direction de ce qui deviendra la Palestine mandataire. À l’âge de 22 ans, la jeune femme choisit de s’installer à Paris, où elle devient une artiste connue et reconnue de l'École de Paris, comme son ami Ossip Zadkine. Ce film raconte Chana Orloff, en essayant de retrouver sa voix et ses mots, et en éclairant les "trois points difficiles de [son] existence : être juive, être femme et être mère".
Partie enfant d’un village d’Ukraine pour s’installer avec sa famille dans ce qui allait devenir la Palestine mandataire après les pogroms de 1905, Chana Orloff vient vivre à Paris en 1910 pour apprendre la couture. Ses amis l’aident ensuite à rentrer à l’école des Arts Décoratifs. Elle y rencontre des artistes et découvre la sculpture.
Elle épouse le poète polonais, Ary Justman, qui meurt dès 1919. Veuve, elle élève seul leur fils Didi. Ses portraits, ses gravures sur bois, ses visages sculptés font d’elle, pendant l'entre-deux guerres, une artiste reconnue, une des premières femmes sculptrices pouvant vivre de son art.
En 1942, prévenue par son fondeur de l'imminence de la Rafle du Vél d'hiv, elle s’enfuit précipitamment et se réfugie avec son fils à Genève, où, clandestinement, elle continue de sculpter et de vendre.
Elle revient à Paris en 1945, où elle retrouve son atelier pillé et saccagé par les SS. Plus d’une centaine de sculptures ont disparu. Malgré cela, elle reprend le travail.
Le jeune État d’Israël la reconnaît comme artiste nationale et elle y séjourne fréquemment, répondant à de nombreuses commandes, tout en continuant de vivre à Paris.
Elle ne cessera de créer jusqu’à sa mort, en 1968, après avoir passé ses derniers jours au kibboutz Beeri,dans le sud d'Israël créé par sa nièce et son mari.
Le 7 octobre 2023, trois membres de la famille de Chana Orloff, vivant au kibboutz Beeri , sont tués par les terroristes du Hamas, sept autres membres sont pris en otage. Après 50 jours de captivité, six d’entre eux ont été libérés, et le film évoque cet épisode tragique.
Les petits enfants de la sculptrice, Ariane Tamir et Éric Justman, se sont donné pour objectif de faire vivre l’œuvre et l’atelier de leur grand-mère mais aussi de récupérer le fond spolié. Après 15 ans de procédures franco-américaines, ils se sont vus restituer une sculpture en bois, figurant leur père enfant "L'enfant Didi". Elle est désormais exposée au Musée d’art et d'histoire du Judaïsme à Paris.

Image extraite du film : Chana et son fils Didi dans son atelier-maison, derrière la sculpture en bois spoliée et retrouvée : "L'enfant Didi"
Ce film produit par les Films d'Ici a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Avant-première
Mardi 30 septembre 2025, 19h
Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ)
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple
75003 Paris

Chana Orloff devant une de ses sculptures en Israël : une maternité