Haute solitude - Laurent Véray

Ce documentaire immerge le spectateur dans la France de l’Occupation. Débutant en 1940, au moment de l'incarcération de Jean Zay, le récit se déploie de manière thématique, comme si le spectateur était dans la tête du prisonnier. Il recrée sa propre parole, sur la base de ses remarquables écrits de prison, et notamment de "Souvenirs et solitude" qui inspire le titre même du documentaire lui-même inspiré du poème Haute solitude de Léon-Paul Fargue que Jean Zay appréciait beaucoup. 

La cellule, tel un espace-temps hors du monde, empli de la personne du prisonnier, mais aussi parfois de celle de ses proches qui ont un temps le droit de lui rendre visite - son père, sa femme Madeleine, ses deux filles Catherine l'aîné et Hélène qui voit le jour alors que son père est déjà emprisonné - , lui offre la possibilité d’un retour sur lui-même et sur son passé. Bien qu'encore très jeune, Jean Zay, né en 1904, a accompli une œuvre considérable pendant les quelques mois du Front populaire puis dans les différents ministères qui se sont succédé jusqu'en 1939. Cette détention douloureuse car vécue comme une profonde injustice, est aussi un temps de réflexion et même de préparation de l'avenir puisque l'homme politique réfléchit aux réformes qu'il pense pouvoir mener après la guerre. 

Le réalisateur a bénéficié d’un grand nombre d’archives, de documents inédits, de photos de famille prises dans la cellule ou la cour de la prison mises à sa disposition par sa fille Hélène Mouchard-Zay, de films d’amateurs inédits qui donnent à Jean Zay toute sa personnalité, sa force de résistance, son éthique de vie.

L’exploration de la vie et de la pensée de cette grande figure républicaine qu’était Jean Zay, entré au Panthéon en 2015 aux côtés des résistants Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-De Gaulle, rend compte du climat profondément antisémite de la période. Jean Zay élevé dans la foi protestante par sa mère est uniquement ramené aux origines juives de son père et à son appartenance à la franc-maçonnerie.

Ce documentaire alerte sur toutes les formes d’idéologies meurtrières, de mesures répressives, d’atteinte à la liberté de pensée et de croire, et démontre la capacité de résistance en tant que personne, mettant l’accent à juste titre sur l’éthique et la force de la relation humaine qui lie Jean Zay et son épouse Madeleine, un peu comme Alfred Dreyfus et Lucie.

50 min / coproduit par La Chambre aux fresques / Girelle production / Les Yeux d’Izo 

La voix off est interprétée par le comédien Éric Caravaca

Ce documentaire a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Projections

►Lundi 23 juin 2025

Blois au cinéma avec le soutien des Rendez-vous de l’histoire, qui prendront aussi le film dans leur festival, et du Centre de la Résistance et de la déportation de la ville de Blois 

►Jeudi 26 juin 2025, 18h 

Paris à l’université de la Sorbonne Nouvelle à 18h

►Vendredi 27 juin à Riom au cinéma avec le soutien de la Ville de Riom 

Diffusion (à venir)

Bip tv, automne 2025